Si j’étais poète
Ah si la vie pouvait n’appartenir qu’aux autres !
N’être que l’avide spectateur
Nourri d’émotions inconnues
Troubles vagues, familiers
Détachés de toute passion, toute fièvre.
Ah si le chagrin pouvait n’être que d’amour !
À en verser des regrets
De larmes douces-amères
Qu’une sève fébrile exalterait
De vers adroits et poignants.
Ah si la souffrance pouvait n’être qu’animale !
Rugir un corps torturé
Vomir des infirmités imprononçables
Que le monde entier compatissant
Bercerait dans son cœur assurément.
Ah si la faucheuse ne venait que d’ailleurs !
Poison aux veines qui tue
Absurde tragédie assassine
Il est tant de maux sans appel
Si l’on pouvait mourir d’autre horreur que de soi.
Ah si je pouvais écrire ce qui ne parle pas !
Ce qui gémit en silence
Dans les ombres mouvantes
D’une alchimie bouleversée
La mélancolie serait encore une exquise invention poétique.
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