Lettre
Mon amour,
Je prends l’autobus des oies jacassantes
Jour après jour vers les sept heures trente
À l’arrêt vingt-neuf d’une rue bruyante
Je l’attends auprès de toi, mon amour
Puis je me retire du monde autour
Le bruit les odeurs j’en fais abstraction
Dans ma tête j’écris des vers brouillons
Dont nul ne lit les pâles confessions
J’apaise les souffrances d’autres âmes
Il m’arrive d’essuyer quelques larmes
Souvent lasse du poids de trop de drames
Je repose mon front à ton épaule
Et sens l’ombre de ta main qui me frôle
Je débride et panse les plaies putrides
Des chairs mutilées aux relents fétides
Le cœur écorché mais les yeux limpides
Je sème des sourires convaincus
Qui ne touchent plus mon regard vaincu
Pour tant de sang, j’ai bien assez vécu
Comme elle me tarde alors l’heure de toi
Je me purifie au son de ta voix
Ma main meurtrie et fatiguée enfouie
Entre la douceur de tes doigts épris
À ta paume chaude qui en frémit
Je reprends ainsi le bus du retour
Je somnole un peu le long du parcours
Qui me conduit à notre nid d’amour
Puis la pénombre vient troubler mes heures
Quand le fardeau de l’absence demeure
Seul maître d’une solitude vaine
Et fige l’encre qui coule en mes veines
Entends-tu alors le chant de ma peine
Stigmatiser les murs blancs de mes nuits
Au rythme étourdissant de l’insomnie
Mon amour, je garde en suspens ma vie
Je redormirai quand tu seras là.
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