Les Fées
J’ai suivi les Fées
En leur naufrage nocturne
Sous le regard voilé
D’un hibou taciturne
Comme elles drapée
D’un lourd manteau de brume
J’ai longtemps marché
Dans leur sillage d’amertume
Des chants s’élevaient
De leur cortège d’exilées
De lents murmures inquiets
Aux accents torturés
J’ai suivi ces Fées
Que les hommes ont censuré
Elles errent égarées
Dans un monde chaviré
Et le fer à leur pied
Crie sa sinistre clameur
Tandis qu’en soupirs fatigués
Leur plainte arride se meurt
J’ai dansé leur peine
Telle une ombre parmi elles
Belles et lointaines
Comme en un sombre rituel
Mais nous n’entendrons plus
Vibrer les rires cristallins
Leurs voix célestes se sont tues
Brisées sous l’appel du tocsin
Seules les effluves surannées
De leur rêve emmuré
Viennent à s’exhaler
De leurs lèvres vanillées
Et la triste musique
D’une cithare désabusée
Berce la fuite pathétique
De ces silhouettes éthérées
J’ai pleuré comme elles
Dans le refuge de la forêt
A préservé pour celles
Qui ont vécu de ses secrets
Puis j’ai vu se pencher les cieux
Et les étoiles se désaltérer
Tout au bord de leurs yeux
Leurs yeux graves de noyées
Sur les tendres joues humides
De rosée lacrymale
La nuit parfois suicide
Ses aurores boréales
J’ai suivi ces Fées
Et dans le gouffre étoilé
De leurs pupilles démesurées
S’éteint la flamme violée
De leur mémoire exaltée
J’a perdu la trace
De ces Dryades au teint moiré
Au bord des rives oú se prélassent
Les eaux dolentes du Léthé
Là oú des Faunes musqués
Guides de leur captivité
Mènent l’errance affligée
De ces reines échouées
Et dans les brumes luminescentes
D’un fleuve désenchanté
Glissent des barques hésitantes
Vers une pénombre redoutée
J’ai suivi ces Fées
Aux confins de leur disgrâce
Entendu les sanglots étouffés
Avant que le vent ne les efface
J’ai suivi ces Fées
Que les hommes ont censuré
Elles meurent résignées
Dans l’oubi facile du Léthé
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